Temps de lecture : 5 minutes
La TCFD (Task Force on Climate-Related Financial Disclosures) divise les risques climatiques en deux catégories principales : les risques physiques et les risques de transition. Ils concernent tout autant les acteurs publics et privés que les acteurs financiers.
Les risques physiques correspondent aux pertes directes associées aux dommages causés par les aléas climatiques sur les acteurs économiques.
Ces risques physiques peuvent résulter de la survenance d’événements ponctuels rendus plus fréquents et extrêmes par le changement climatique (exemples : cyclones, inondations, ouragans) ou bien de changements climatiques à long-terme entraînant notamment des vagues de chaleur ainsi qu’une élévation du niveau de la mer.
Les risques climatiques physiques peuvent entraîner des conséquences financières importantes pour les entreprises suite aux dommages directs causés aux actifs (par exemple, des bâtiments et infrastructures endommagés, des récoltes perdues) mais aussi aux impacts indirects sur les opérations et la chaîne d’approvisionnement (en raison, par exemple, de l’interruption des réseaux de transport suite aux vagues de chaleur ou aux inondations).
Par ailleurs, ils peuvent également impacter plus généralement la performance financière de l’entreprise, à la suite de changements dans :
Le cabinet de conseil Carbone 4 définit les risques de transition comme “les conséquences financières d’une transformation de l’entreprise vers un monde bas-carbone”. Ces risques peuvent se diviser en six sous-catégories principales :
La prise en compte des risques physiques est essentielle pour limiter les conséquences d’événements climatiques qui peuvent impacter significativement l’activité de l’entreprise et limiter les surcoûts associés. Par ailleurs, la prise en compte des risques de transition permet d’assurer la durabilité de son activité dans le temps en anticipant les conséquences de l’émergence d’une économie bas-carbone et les évolutions réglementaires associées.
L’enjeu est tout aussi essentiel pour les acteurs financiers, qui peuvent ainsi orienter prioritairement leurs investissements vers des entreprises résilientes et ainsi éviter une baisse de la valeur des actifs (exemple : perte de valeur des infrastructures liées à la production d’énergies fossiles).
La prise en compte des risques climatiques est en train d’être généralisée dans le cadre du dispositif réglementaire du reporting carbone, obligatoire pour les grandes entreprises et les acteurs financiers.
Rappelons, en effet, que le reporting carbone est une obligation pour toutes les entreprises soumises à la déclaration de performance extra-financière (DPEF) et que celui-ci doit mentionner notamment :
👉 En savoir plus sur la déclaration de performance extra-financière !
Les acteurs financiers sont également confrontés à des exigences réglementaires croissantes de transparence quant à l’impact environnemental de leurs investissements. Ainsi, depuis la loi TECV de 2015 (Transition énergétique pour la croissance verte), la France a mis en place une obligation de transparence pour les investisseurs sur la gestion de leurs risques liés au climat. Le dispositif a été récemment renforcé et étendu par la loi “énergie climat” de 2019.
Au-delà des obligations réglementaires de reporting, il existe aussi de nombreux mécanismes de reporting volontaire, à l’instar du questionnaire CDP, qui visent à répondre aux attentes toujours plus fortes des investisseurs quant à la prise en compte des risques climatiques par les entreprises.
De manière générale, la prise en compte des risques climatiques, physiques comme de transition, va s’imposer pour l’ensemble des acteurs publics et privés dans le cadre de la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre imposée par la Stratégie Nationale Bas-Carbone (en application de l’Accord de Paris) à tous les secteurs d’activité.
Les réglementations nécessaires à la mise en œuvre de la SNBC, tels que le décret tertiaire et la RE 2020 pour le secteur du bâtiment, imposent déjà des investissements importants aux secteurs concernés avec des risques réels pour la stabilité financière des entreprises. La réduction de ces risques nécessite de les anticiper en s’engageant dès aujourd’hui dans une transition bas-carbone.
La première étape consiste à identifier, de la manière la plus précise possible, les risques physiques et de transition auxquels l’entreprise peut être exposée.
L’analyse par scénarios est considérée comme l’outil le plus efficace pour identifier les risques climatiques tout en tenant compte de l’incertitude profonde qui les caractérisent. Il s’agit de la méthode recommandée par la TCFD dans son rapport final.
Le Shift Project définit l’analyse par scénario comme “une méthode de prospective qui consiste par nature à envisager des futurs possibles, et à explorer les cheminements qui y conduisent en vue d’éclairer l’action”, avec trois objectifs principaux :
Dans un second temps, il s’agit de mettre en place des actions concrètes visant à parer aux risques identifiés. Pour les risques physiques, l’entreprise peut, par exemple, décider de rendre ses infrastructures plus résilientes en réalisant des travaux, ou de s’implanter préférentiellement dans des zones géographiques moins exposées aux aléas climatiques. La réduction des risques physiques pesant sur la chaîne d’approvisionnement peut passer par l’identification de fournisseurs alternatifs, leur diversification en fonction de leur localisation ou encore le fait d’imposer à ses fournisseurs de définir leur propre plan de transition.
Pour les risques de transition, il s’agira notamment de :
L’entreprise doit également s’interroger sur les moyens de saisir les opportunités offertes par la transition énergétique. Cela peut passer, par exemple, par le développement de nouveaux produits ou services bas-carbone ou encore par la réduction de ses coûts énergétiques par la mise en place d’une démarche de sobriété énergétique…
Pour les acteurs financiers, il s’agit principalement d’aligner son portefeuille d’actifs sur une trajectoire bas-carbone :
Dans les prochaines décennies, de plus en plus d’entreprises vont être confrontées aux impacts du dérèglement climatique avec des conséquences directes sur leurs activités. Pour s’y préparer au mieux et assurer la pérennité de son entreprise, deux étapes sont nécessaires : identifier ces risques climatiques de la manière la plus précise possible et bâtir une stratégie bas-carbone ambitieuse pour parer aux risques identifiés.