L’éco-conception est une démarche “produit” qui vise à réduire les impacts tout au long des étapes du cycle de vie du produit : extraction des matières premières, production, distribution, utilisation et fin de vie. L’Analyse du Cycle de Vie (ACV) constitue à ce jour la méthode de référence pour quantifier ces impacts et s’assurer de l’exhaustivité de la démarche.
Si les prémices de l’éco-conception remontent aux années 1970, sa première définition “officielle” date de 2002 avec la parution de la norme XP ISO/TR 14062 sur le management environnemental.
L’éco-conception y est définie comme l’”intégration des aspects environnementaux dans la conception et le développement de produits avec pour objectif la réduction des impacts environnementaux négatifs tout au long du cycle de vie d’un produit”.
En résumé, l'éco-conception vise à réduire, de manière préventive, les impacts environnementaux d’un produit ou service tout en conservant ses qualités d’usage. Il s’agit d’une démarche globale qui est à la fois :
🐓 La France pionnière
La France, par l’intermédiaire de l’ADEME, a posé les jalons de cette première définition en rédigeant en 1998 la première documentation sur le sujet et en assurant le secrétariat de la rédaction de la norme ISO 14062.
L'éco-conception vise à réduire l'impact environnemental d'un produit, de sa conception jusqu'à sa fin de vie.
Mettre en place une démarche d’éco-conception est à la fois vertueux et rentable pour les entreprises. En effet, au-delà de l’impact environnemental positif, elle permet d’améliorer leur image mais aussi de réduire les coûts de production.
L’un des principaux enjeux de l’éco-conception est de respecter les exigences réglementaires sur le cycle de vie du produit, voire de les anticiper.
En effet, le cadre réglementaire évolue rapidement et concerne toujours davantage de secteurs d’activité. Ainsi, même pour les entreprises qui ne sont pas encore concernées, il y a fort à parier qu’elles le seront dans quelques années. On peut citer l’exemple du secteur de la construction pour lequel l’analyse du cycle de vie est devenue une véritable obligation suite à l’entrée en vigueur de la RE 2020.
Autre avantage et non des moindres : la réduction de son bilan carbone et plus globalement les gains environnementaux. En effet, éco-concevoir un produit ou un service vise à réduire les impacts sur tout son cycle de vie. Cela peut passer notamment par :
Autant de points qui impacteront positivement l’empreinte carbone de l’entreprise et lui permettront de définir une trajectoire carbone plus ambitieuse.
Une étude du Pôle Eco-conception et de l’Institut de développement de produits (IDP) a montré que l’éco-conception est un atout pour la compétitivité des entreprises. 96% des entreprises interrogées ont ainsi déclaré que l’éco-conception avait un effet positif sur les profits de l’entreprise, avec une marge par produit plus élevée de 12%.
💡 La rentabilité augmente avec l’intensité de la démarche d’éco-conception. Plus l’entreprise prend en compte un grand nombre d’étapes du cycle de vie du produit, plus la rentabilité sera élevée.
En visant notamment à s’affranchir de l’utilisation de certaines matières premières (fossiles), l’éco-conception permet également de réduire les risques liés à l’approvisionnement : pénuries de matières premières, délais de livraisons imprévus, augmentation du prix des fossiles, etc. Un point à ne pas négliger à l’heure où les crises se multiplient dans le monde (pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine, etc.).
Engager une démarche d’éco-conception permet aussi à l’entreprise d’améliorer son image de marque, par exemple via des démarches de labellisation ou d’affichage environnemental. Or, une image “responsable” signifie également :
Pour être couronnée de succès, la démarche d’éco-conception doit impliquer toutes les parties prenantes mais aussi les salariés. Un bon moyen de rassembler les équipes autour d’un projet ambitieux mais aussi d’encourager la créativité et l’innovation.
💡 Dans le cadre de l’étude sur la profitabilité de l’éco-conception, 58% des entreprises ont répondu qu’une retombée importante de la démarche était “l’augmentation de la motivation ou de la fierté des employés.”
L'éco-conception permet d'améliorer sa compétitivité et son image de marque, de réduire ses coûts, ses risques et son empreinte carbone.
Face à la dégradation de l’environnement et la tension toujours plus grande sur les matières premières, des réglementations ont progressivement été mises en place pour obliger certains acteurs à éco-concevoir leurs produits.
Au niveau européen, on trouve en particulier :
Au niveau national, l’éco-conception est notamment réglementée dans le cadre de la responsabilité élargie du producteur (REP). La REP implique que le responsable de la mise sur le marché d’un produit doit contribuer à la gestion des déchets issus de ce produit. Les producteurs concernés ont deux options :
💡 Quasiment tous les produits de grande consommation ont vocation à être concernés par la REP, à l’exception des produits alimentaires :
La loi AGEC de 2020 a rendu obligatoire pour tout producteur concerné par la REP de mettre en œuvre un plan de prévention et d’éco-conception pour :
Ce plan, qui peut être individuel ou commun à plusieurs producteurs, doit définir les objectifs et actions de prévention et d’éco-conception à mettre en œuvre sur 5 ans.
Au-delà des textes réglementaires, plusieurs normes font référence directement ou indirectement à l’éco-conception. Leur respect permet parfois de bénéficier d’une présomption de conformité à la réglementation européenne. On peut citer notamment :
Il n’existe pas une seule manière de mettre en œuvre l’éco-conception. L’approche peut être à la fois :
L’entreprise doit également s’interroger sur son niveau d’ambition et si elle souhaite mettre en œuvre une démarche multi-critères ou mono-critère (pour des raisons, par exemple, de moyens ou de coûts).
Dans son Guide pratique sur l’éco-conception, la CGPME identifie quatre niveaux d’éco-conception :
Il s’agira également de s’interroger sur la largeur de la gamme de produits qui sera couverte par la démarche d’éco-conception. L’entreprise pourra ainsi décider de se focaliser sur :
Dans le cadre d’une approche multi-critères, il s’agira de mener une évaluation globale du cycle de vie du produit et de l’ensemble de ses impacts environnementaux grâce à une analyse du cycle de vie (ACV).
Analyse du cycle de vie d’un blouson de ski
A ce stade de la démarche, il pourra aussi être judicieux de réaliser un bilan carbone pour quantifier l'impact de l'ensemble des produits de l'entreprise.
Dans le cadre d’une approche mono-critère, l’entreprise visera au contraire à réduire l’ampleur d’un ou plusieurs problèmes identifiés. Il s’agit ainsi de réduire certains impacts environnementaux du produit ou service, en veillant toutefois à ce que le gain environnemental ne se fasse pas au détriment d’autres aspects environnementaux.
Exemples d'arbitrages entre plusieurs facteurs d'impacts environnementaux :
Plusieurs facteurs vont favoriser le succès de la démarche, en particulier :
Habitat :
Energie :
Mode :