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Bilan Carbone, GHG Protocol : quelles différences ?

Pour mesurer leur empreinte carbone, les organisations peuvent utiliser deux méthodes principales : la méthode Bilan Carbone®, développée en France par l’ADEME, et le GHG Protocol. Quelles sont les principales différences entre ces deux méthodologies ? On vous éclaire dans cet article.

Temps de lecture : 5 minutes

Qu’est-ce que le GHG Protocol ?

Le GHG Protocol (Greenhouse Gas Protocol) est une méthodologie de calcul et de déclaration des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour une entreprise ou une organisation. Il fournit ainsi des normes, outils mais aussi des formations en ligne pour faciliter la réalisation des bilans carbone pour les entreprises, organisations, villes et territoires.

L’origine du GHG Protocol

A la fin des années 1990, le WRI (World Resources Institute) et le WBCSD (World Business Council for Sustainable Development) soulèvent la nécessité d’une normalisation internationale de la comptabilisation et du reporting des émissions de gaz à effet de serre. En effet, en l’absence d’une méthodologie commune, les organisations sont forcées de développer leur propre méthode pour réaliser leur bilan carbone. L’exercice est coûteux et génère aussi un degré important d’incertitude sur les résultats obtenus. Le GHG Protocol poursuit donc plusieurs objectifs :

  • développer des standards de calcul et de reporting acceptés à l’international (à l’image des normes IFRS en matière de comptabilité)
  • simplifier et réduire le coût de l’inventaire des émissions
  • produire des informations business visant à construire une stratégie efficace pour gérer et réduire les émissions
  • améliorer la transparence de la comptabilité des émissions carbone et du reporting climat.

Après de nombreuses discussions, une première version de la méthode du GHG Protocol est publiée en 2001. Depuis cette date, la norme a été fréquemment mise à jour pour l’adapter au mieux aux évolutions réglementaires et normatives.

💡 A retenir

Le GHG Protocol est le référentiel le plus utilisé au monde pour le reporting climat.
En 2016, 92% des plus grandes entreprises américaines déclarant au questionnaire CDP (Carbon Disclosure Project) l’utilisent pour effectuer leur bilan carbone. Il est également le référentiel à utiliser lorsque l’on soumet sa trajectoire SBTi et pour le reporting CSRD.

En parallèle du GHG Protocol, d’autres référentiels ont été développés, telles que la méthode Bilan Carbone® développée en France par l’ADEME. Comme nous le verrons plus loin, l’ensemble de ces référentiels sont proches dans leur méthodologie.

La classification des émissions par le GHG Protocol

La norme ISO 14064 pose un socle existant dans la classification des émissions. La méthode Bilan Carbone® de l’ADEME ainsi que le GHG Protocol sont conformes à ce socle, avec des spécificités pour chacun des deux cadres. 

Elle permet de quantifier les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) tout au long de la chaîne de valeur d'un produit ou service. Trois catégories d'émissions, aussi appelées scopes, ont été définies et correspondent à des périmètres d’émission de l'entreprise.

La méthodologie GHG Protocol permet ainsi aux entreprises d'identifier les postes émetteurs au sein de leur structure afin de fixer les actions prioritaires de réduction.

Les normes du GHG Protocol

Pour les entreprises, le GHG Protocol fournit en particulier deux guides :

  • la directive d’entreprise (Corporate Standard), qui fournit des exigences et conseils aux entreprises préparant un inventaire de leurs émissions de gaz à effet de serre. Elle est téléchargeable directement sur le site internet du GHG Protocol sur cette page.

💡 A retenir

La norme d’entreprise couvre la comptabilisation et la déclaration de sept gaz à effet de serre couverts par le Protocole de Kyoto : le dioxyde de carbone (CO₂), le méthane (CH₄), l’oxyde nitreux (N₂O), les hydrofluorocarbures (HFC), les perfluorocarbures (PFC), l’hexafluorure de soufre (SF₆) et le trifluorure d’azote (NF₃).

  • la directive de chaîne de valeur d’entreprise (Scope 3), qui complète la précédente et permet aux entreprises d’évaluer l’impact de l’ensemble de leur chaîne de valeur sur leurs émissions et d’identifier où cibler leurs actions de réduction. Elle est téléchargeable sur cette page.

Les 5 principes du GHG Protocol

Le GHG Protocol se fonde sur 5 principes, eux-mêmes issus de la norme ISO 14064 :

  • l’exhaustivité : toutes les activités et sources d’émissions doivent être mentionnées. Toute exclusion d’une source d’émission doit être signalée et justifiée.
  • l’exactitude : le calcul doit être suffisamment précis pour obtenir un résultat le plus proche possible des émissions réelles.
  • la permanence : les résultats doivent être comparables dans le temps grâce à la permanence des méthodes employées. Tout changement de méthode doit être clairement énoncé pour garantir la validité des comparaisons.
  • la pertinence : l’entreprise doit définir des périmètres qui reflètent de manière appropriée les émissions de gaz à effet de serre, en tenant compte de l’utilisation faite de ces données par les preneurs de décision (externes ou internes à l’entreprise)
  • la transparence : les données doivent être reportées de manière factuelle et cohérente, avec un suivi clair de vérification. Les méthodes de calcul utilisées doivent être précisées.

Quelles différences entre le Bilan Carbone®, le BEGES et le GHG Protocol ?

Le Bilan Carbone® 

La méthode Bilan Carbone® a été créée par l'ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) en 2004, avec la contribution de l'ingénieur Jean-Marc Jancovici pour permettre notamment à tout organisme d’évaluer son empreinte carbone et d’engager une démarche de réduction de ses émissions. Depuis 2011, l’Association pour la transition Bas-Carbone (ABC) est la structure porteuse du Bilan Carbone®, chargée de promouvoir la méthode auprès des organisations et des citoyens.

Le BEGES - Bilan d'émissions de gaz à effet de serre

Le BEGES-R (Bilan des Émissions de Gaz à Effet de Serre) est une évaluation de la masse totale des GES émis sur une année par les activités de l'organisation, directement et indirectement et qui suit la méthode Bilan Carbone®. Il diffère d’un Bilan Carbone complet dans la mesure où il impose seulement la déclaration des émissions significatives du scope 3 ((i.e. il faut notamment couvrir au moins 80% du bilan carbone total)pour les entreprises soumises à la DPEF.

Notez-le

A noter que le BEGES est obligatoire pour les entreprises plus de 500 salariés et les collectivités de plus de 50 000 habitants.

Les principaux points communs entre le GHG Protocol et le Bilan Carbone®

Le Bilan Carbone® comme le GHG Protocol ont été élaborés en cohérence avec la norme ISO 14064-1 qui propose des principes et exigences, au niveau des organismes, pour la quantification et la déclaration des émissions de gaz à effet de serre. Les deux méthodes sont donc très proches du point de vue de leur méthodologie. Elles se fondent sur une base scientifique partagée (les recommandations du GIEC) et comportent les mêmes étapes essentielles :  

  • Inventaire des émissions (scopes 1, 2 et 3)
  • Analyse des postes d’émissions les plus importants (“hot spots”)
  • Établissement d’objectifs et d’actions de réduction des émissions.

Par ailleurs, le calcul des émissions se fait selon la même formule :

Formule pour caluler un bilan carbone

💡 A retenir

Un facteur d’émission est la quantité d'émissions générées par un produit ou un service donné pendant tout ou partie de son cycle de vie.
Par exemple, un smartphone de 5,5 pouces va avoir un facteur d'émission de 39kgCO²eq par unité pour sa fabrication. Il est multiplié à une donnée de l’entreprise, en l'occurrence ici le volume de produits vendus, pour obtenir une empreinte carbone.

Enfin, pour faciliter la comptabilité et l’analyse des gaz à effet de serre, le GHG Protocol et le Bilan Carbone divisent le périmètre des émissions d’une entreprise en 3 Scopes :

  • le Scope 1 : toutes les émissions générées directement par l’entreprise et ses activités : usines, bureaux, flottes de véhicules, etc. et principalement issues de la combustion de combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon, etc.) en général
  • le Scope 2 : toutes les émissions indirectes issues de la consommation d’électricité et des réseaux de chaleur et de froid dans ses installations ou flottes de véhicules (électriques)
  • le Scope 3 : toutes les autres émissions indirectes produites en amont ou en aval de la chaîne de valeur de l'entreprise. Par exemple : le transport de marchandises, les déplacements domicile-travail des collaborateurs, les achats des biens et de services...etc.
 le périmètre des émissions d’une entreprise en 3 Scopes
Répartition des émissions d’une entreprise en 3 périmètres (Scopes)

Les différences entre le Bilan Carbone® et le GHG Protocol

Le Bilan Carbone® se veut plus exhaustif que le GHG Protocol. En effet, son approche est générale et vise à établir une vision globale des émissions de gaz à effet de serre de l’organisation, tandis que le GHG Protocol est établi par filières d’activité.

Par ailleurs, contrairement au GHG Protocol ou à la norme ISO 14064, le Bilan Carbone® met l’accent sur l’accompagnement des organisations dans leur transition bas-carbone une fois le bilan réalisé. Grâce à de nombreux outils (accès à la Base Carbone®, tableurs), et à l’obligation de sensibiliser les parties-prenantes (notamment la direction de l’entreprise), le Bilan Carbone® permet de prolonger l’exercice de mesure.

Bien que le GHG Protocol soit plus largement utilisé à l’international, le Bilan Carbone® est l’outil le plus utilisé en France où il s’est imposé comme la méthode de référence pour le calcul et la gestion de l’empreinte carbone d’une entreprise.

Notons enfin que l’outil Bilan Carbone® propose des exports au format ISO, GHG Protocol, BEGES et CDP et permet donc de répondre à ces différents référentiels.

Comparatif méthodologique Bilan Carbone / GHG Protocol

Bilan Carbone®

GHG Protocol

Définition des périmètres organisationnels / opérationnels

Prise en compte obligatoire du Scope 3

✅ Oui

❌ Non
(optionnel)
Source

Exclusion de certaines activités de l’entreprise ou sources d’émissions

❌ Non

✅ Possible
(mais non recommandé)

Comparatif méthodologique des postes d’émissions

SCOPE 1

Émissions issues de la biomasse (sols et forêts)

❗ Obligatoire

📌 Inexistant mais peut être optionnel

SCOPE 2

Electricité

Comptabilisation en Location-based

Comptabilisation en Location-based ou Market-based

SCOPE 3

Biens immobilisés

3 méthodes possibles d’amortissement des émissions :

  • amortissement comptable (recommandé)
  • durée de vie physique
  • pas d’amortissement

Pas d’amortissement : toutes les émissions liées à la fabrication du bien sont comptabilisées l’année d’achat ou de construction

Déchets générés

❗ Intégration obligatoire du transport de déchets (tonnes.km) depuis la collecte jusqu’au site de traitement

📌 Intégration optionnelle du transport de déchets (tonnes.km) depuis la collecte jusqu’au site de traitement

Transport de marchandise amont et distribution

❗ Calcul obligatoire sur l’ensemble du cycle de vie :

  • consommation de carburants
  • fabrication des véhicules, installations, infrastructures

❗ Calcul obligatoire pour les consommations de carburant

📌 Calcul non obligatoire des émissions du cycle de vie associées à la fabrication des véhicules, des installations ou des infrastructures

Déplacements professionnels

❗ Calcul obligatoire des émissions liées à la fabrication du matériel lorsque non négligeables

📌 Calcul optionnel des émissions du cycle de vie des véhicules et infrastructures

Transport des visiteurs et des clients

❗ Calcul obligatoire si non négligeable

❌ Poste inexistant

Transport de marchandise aval et distribution

❗ Calcul obligatoire sur l’ensemble du cycle de vie :

  • consommation de carburants
  • fabrication des véhicules, installations, infrastructures

❗ Calcul obligatoire pour les consommations de carburant

📌 Calcul non obligatoire des émissions du cycle de vie associées à la fabrication des véhicules, des installations ou des infrastructures

Franchise aval

❗ Calcul obligatoire

📌 Calcul optionnel des émissions du cycle de vie associées à la fabrication ou à la construction des franchise

Leasing aval

❗ Calcul obligatoire des émissions du cycle de vie de l’actif loué

📌 Calcul optionnel des émissions du cycle de vie associées à la fabrication ou à la construction des biens loués

Déplacements domicile-travail

❗ Calcul obligatoire des émissions liées au télétravail

📌 Calcul optionnel des émissions liées au télétravail

Plan d’action / Identification risques et opportunités

Définition d’un objectif de réduction

✅ Oui

✅ Oui

Plan d’action de réduction des émissions

✅ Oui

📌 Facultatif

Identification des risques et opportunités liés au climat

📌 Facultatif

❌ Non

Vérification indépendante

Vérification indépendante externe ou interne des résultats

📌 Facultatif

📌 Facultatif

Les différences d’approche des méthodes

Plus globalement, le GHG Protocol et la méthode Bilan Carbone® se différencient par les approches suivantes : 

  • L’amortissement des immobilisations n’existe pas dans le GHG Protocol, ce qui implique que les émissions liées à la fabrication du bien sont comptabilisées l’année d’achat ou de construction.
    ➡️ D’une année à l’autre, les bilans basés sur la méthodologie GHG Protocol peuvent présenter des écarts conséquents, en fonction de l’achat et ou de la construction de bâtiments. 
  • La comptabilisation de l’électricité en market-based est possible pour le GHG Protocol. Elle est calculée en fonction des émissions de l’énergie que vous achetez, en prenant en compte notamment l’intensité carbone des modes de production du fournisseur ou du contrat d’électricité.

Notez-le

La comptabilisation en market-based se distingue de la comptabilisation en location-based qui est calculée en fonction de votre consommation électrique et de l’intensité carbone du pays où votre entreprise exerce, sans prendre en compte le type de contrat souscrit.

  • Les déplacements des visiteurs ne sont pas obligatoires dans le GHG Protocol. Si vous possédez par exemple plusieurs magasins, les émissions liées aux déplacements de vos visiteurs jusqu’à votre magasin ne seront pas obligatoirement comptabilisées.
    ➡️ Pour certains acteurs du retail, cela peut entraîner une différence importante au regard de leur empreinte carbone globale
  • La définition d'aval et amont diffère légèrement entre les deux méthodes en ce qui concerne les postes concernant les transports de marchandises.

Quelle méthode privilégier pour votre entreprise ?

Comme nous l’avons vu, les méthodes du Bilan Carbone® et du GHG Protocol sont assez similaires.
Il est important de noter que le niveau de détails et l’appréciation des résultats dépendent avant tout de l’accompagnement réalisé pour cette mesure, ou de l’expertise du ou des personnes en charge de réaliser le Bilan Carbone.

Pour privilégier une des méthodes, il est nécessaire de faire un point sur vos besoins, et  de vous poser par exemple les questions suivantes : 

  • Avez-vous besoin de présenter votre Bilan Carbone auprès d’institutions internationales (SBTi, CDP…) ?
  • Quel niveau de précision avez-vous besoin d’obtenir pour accélérer votre transition bas-carbone ?  
  • Votre entreprise est-elle soumise à la CSRD?

Il est notamment important de noter que le SBTi, cadre de référence international pour construire sa trajectoire carbone, le Carbon Disclosure Project (CDP), système international qui évalue l’impact des organismes volontaires, ou encore la directive CSRD, s’appuient sur la méthodologie du GHG Protocol pour la comptabilisation des émissions des entreprises.