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Dans un premier temps, il est essentiel de faire un état des lieux sur l’empreinte carbone de l’entreprise. La réalisation d’un Bilan Carbone est donc la première étape indispensable à la mise en œuvre d’une stratégie carbone. Celui-ci vous permettra de savoir précisément où concentrer vos efforts de réduction des émissions.
Conformément aux règles du GHG Protocol, de la norme ISO 14064-1 ou de la méthodologie Bilan Carbone®, toutes les émissions significatives des Scope 1, 2 et 3 doivent être quantifiées. L’objectif est d’obtenir une photographie la plus complète possible de l’empreinte (et de la dépendance) carbone de votre entreprise en visualisant notamment les principaux postes d’émissions (“hot spots”). Si cela est pertinent pour votre activité, vous pouvez aussi réaliser des Analyses de Cycle de Vie (ACV) sur vos principaux produits.
💡 Notre conseil : pensez à impliquer vos fournisseurs mais aussi vos clients afin d’obtenir les données les plus précises possibles concernant vos émissions du Scope 3 (amont et aval).
Pour des raisons de suivi et de précision, nous vous recommandons de renouveler le Bilan Carbone chaque année. Vous pourrez ainsi mesurer le degré d’efficacité des différentes actions de réduction des émissions mises en place, les adapter et compléter votre plan d’actions. Pour faciliter ce travail, et même si vous choisissez de recourir à un prestataire externe pour vous accompagner lors de votre premier Bilan Carbone, pensez à développer une expertise interne sur les sujets carbone (par exemple, par l’intermédiaire d’une formation Bilan Carbone).
La question de la gouvernance est cruciale pour assurer le succès de la démarche. Il est tout d’abord essentiel de confier le suivi de la stratégie carbone a minima à une personne spécifiquement formée aux enjeux climatiques (par exemple, le responsable RSE). Dans les grandes entreprises, il sera généralement du ressort d’une équipe dédiée. La collecte des données nécessaires ainsi que la mise en œuvre des différentes actions doivent être confiées à des référents carbone dans les différents départements ou services concernés.
Dans tous les cas, la stratégie carbone doit être suivie et pilotée au plus haut niveau de l’organisation. L’implication directe de la Direction est, en effet, essentielle pour que les moyens financiers et humains soient alloués à la mise en œuvre des différentes actions mais aussi pour donner “l’impulsion” nécessaire et aligner le plan d’action avec la stratégie d’entreprise.
Pour que ces moyens financiers soient engagés, il faudra notamment établir des budgets pour chaque action de réduction afin d’anticiper et de chiffrer les investissements en faveur de la transition bas-carbone.
💡 A noter que le questionnaire CDP consacre une partie à la gouvernance climat et note les entreprises en fonction de différents critères :
L’implication de la Direction et le renforcement de la stratégie carbone peuvent également prendre la forme :
La formation et la sensibilisation des équipes chargées de la mise en œuvre de la stratégie carbone, et plus généralement de l’ensemble de vos collaborateurs, est essentielle pour garantir une bonne compréhension des enjeux climatiques mais aussi renforcer leur motivation. Ateliers, challenges collectifs… de nombreux outils existent. N’hésitez pas à consulter notre article dédié pour en savoir plus !
Une fois le Bilan Carbone effectué, il s’agit d’établir une liste d’actions à mettre en place pour réduire les émissions à court et moyen terme. Ces actions doivent être priorisées et échelonnées dans le temps. Nous vous conseillons de les classer en fonction de différents critères (coût, facilité de mise en œuvre, moyens nécessaires) mais aussi et surtout de quantifier leur potentiel impact sur l’empreinte carbone de l’entreprise.
Dans la mesure où les enjeux diffèrent en fonction des secteurs d’activité, il n’existe pas de plan d’action “type” applicable à toutes les entreprises. Toutefois, voici quelques exemples d’actions à mettre en place dans le cadre d’une stratégie carbone :
💰 Notez qu’au-delà de la réduction des émissions carbone, ces différentes actions de sobriété énergétique peuvent également être une source importante de réduction des coûts pour votre entreprise.
La réduction des émissions de l’entreprise doit constituer la priorité dans le cadre d’une stratégie carbone. Toutefois, dans la mesure où il n’est évidemment pas possible de réduire de 100% les émissions directes et indirectes, les émissions résiduelles peuvent faire l’objet d’actions de contribution à la neutralité carbone, par exemple, en finançant des projets certifiés dans le cadre du Label Bas-Carbone.
En complément des actions de réduction et de compensation, il est aussi possible (si ce n’est pas déjà le cas) de renforcer votre stratégie carbone en générant des émissions évitées grâce aux développement de gammes de biens et services bas-carbone.
💡 Ces trois leviers d’action (réduction des émissions de l’entreprise, émissions évitées et actions de contribution à la neutralité carbone) doivent être mesurés, pilotés et reportés séparément. Ils constituent les trois piliers de la stratégie de réduction des émissions d’une entreprise selon la Net Zero Initiative.
Parce que la réduction des émissions carbone d’une entreprise ne se fait pas en un jour, elle doit reposer sur une stratégie carbone de long-terme. Pour se fixer un cap et “muscler” les actions si nécessaire, il est donc essentiel d’établir une trajectoire carbone (au minimum à horizon 10 ans) de réduction des émissions avec des objectifs quantifiés. Le rôle de la Direction est majeur à cette étape, car les objectifs impacteront nécessairement la stratégie globale de l’entreprise qui devra s’y adapter.
Pour être crédibles, ces objectifs de réduction doivent être ambitieux et en accord avec la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), qui vise la division par six des émissions de gaz à effet de terre sur le territoire français d’ici à 2050 pour atteindre la neutralité carbone (!). Pour atteindre cet objectif, des efforts drastiques seront nécessaires de la part de tous les secteurs d’activité.
Pour établir cette trajectoire concrètement, vous pouvez vous tourner vers la Science-Based Targets (SBTi), un projet collectif lancé en 2015 et qui permet aux entreprises de définir une cible de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre en conformité avec les engagements internationaux et nationaux.
Par transparence et surtout pour mettre en avant les progrès réalisés et embarquer sa chaîne de valeur, nous vous encourageons à communiquer sur votre feuille de route carbone :
Veillez toutefois à mettre l’accent sur des actions concrètes et à éviter les formulations “floues” conformément aux bonnes pratiques de communication sur l’empreinte carbone. Vous renforcerez ainsi la crédibilité de votre démarche auprès de vos clients, fournisseurs mais aussi de vos collaborateurs. Concernant votre Bilan Carbone, pensez à préciser la méthodologie employée et à préciser également les périmètres temporels, organisationnels (entités concernées) et opérationnels (Scope).
Même si votre entreprise n’est pas soumise à une obligation de reporting environnemental, vous pouvez aussi choisir de vous y soumettre volontairement pour améliorer votre image de marque ou répondre aux attentes de vos investisseurs. Près de 13 000 entreprises répondent ainsi chaque année au questionnaire CDP (Carbon Disclosure Project) (soit 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre !). A noter qu’au-delà d’être un outil de reporting, le CDP fournit également un retour sur les progrès effectués ce qui permet aux entreprises d’améliorer leur stratégie carbone en conséquence.