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Comment réduire les émissions liées aux trajets domicile-travail ?

Les déplacements domicile-travail représentent 4% du total des émissions de gaz à effet de serre de la France et 74% des actifs se rendent au travail en voiture. Alors que les réglementations sur l’utilisation de la voiture s’intensifient (interdiction de la vente de véhicules thermiques au sein de l’UE d’ici 2035, zones à circulation restreinte, zones à faibles émissions et trafic limité dans les grandes villes, …) et que les réseaux de transports en commun et les mobilités douces comme le vélo se développent, il est indispensable pour chaque entreprise de penser à la meilleure manière d’optimiser et / ou de réduire les déplacements de ses collaborateurs.

Temps de lecture : 7 minutes

Les déplacements domicile-travail, de quoi parle-t-on ?

Les déplacements domicile-travail sont l’ensemble des déplacements que les individus mènent entre leur lieu de résidence et leur lieu de travail. En moyenne, 52 minutes par jour sont consacrées à ces déplacements et si la distance domicile-travail se réduit depuis peu (-1,4 km entre 2008 et 2019), la durée de trajet augmente (+3 minutes en moyenne), rendant stratégique la question de l’optimisation de ces déplacements.

La voiture, moyen de transport de prédilection

La voiture reste plébiscitée par les Français quelle que soit la distance, suivie des transports en commun, des mobilités douces (marche et vélo) et enfin des deux-roues motorisés. En effet, 18,1 millions de personnes déclarent prendre la voiture pour se rendre sur leur lieu de travail et le pourcentage d'automobilistes augmente avec la distance parcourue sauf pour les distances supérieures à 50 kilomètres.

Source : Insee

Pour des trajets de moins de 5 kilomètres, 61% des actifs se déplacent en voiture. Ce pourcentage augmente de 14% entre 5 et 10 kilomètres et passe à 84% entre 20 et 30 kilomètres.

Sachant qu'un trajet de 5 kilomètres est parcouru en 20 minutes environ à vélo, il est clair que la part de la voiture pourrait significativement diminuer sur ces trajets, notamment en milieu urbain et semi-urbain où l’offre de transports en commun et de pistes cyclables s’est considérablement développée ces dernières années.

La part significative de l'utilisation de la voiture est également accentuée par l'évolution des modèles utilisés. En effet, depuis 10 ans, les voitures prennent 10 kilogrammes par an et 1 centimètre tous les deux ans et la majorité des Français préfèrent conduire de plus gros modèles (les ventes de SUV ont été multipliées par 7 en 10 ans) qui émettent plus de gaz à effet de serre (un SUV consomme environ 15% de plus qu’une voiture standard).

Source : WWF

Les transports en commun, apanage des grandes villes

L’utilisation des transports en commun est le quotidien de 3,9 millions d’actifs en France mais concerne principalement l’agglomération parisienne où 7 actifs sur 10 y ont recours.

Dans les autres agglomérations, cette utilisation est moins élevée car elle ne concerne que 8% des actifs et dépend fortement des zones dans lesquelles les salariés se situent. Ainsi, les actifs habitant les pôles urbains (14%) sont plus à même de prendre les transports en commun que ceux des couronnes péri-urbaines (4%) et des communes hors de la ville (2%), du fait d’une offre moins développée.

Source Insee

L’INSEE a ainsi montré qu’une offre de transports en commun adaptée à la densité de population permet de réduire les émissions de CO2 en intensité par habitant (en emploi). Elles s’élèvent à 0,73 tCO2e/an dans les aires de moins de 50 000 habitants, 0,41 tCO2e/an dans les aires de plus de 700 000 habitants à 0,31 tCO2e/an pour Paris.

Les mobilités douces, une pratique qui se démocratise

Les mobilités douces sont principalement utilisées lors de trajets courte distance. Ces mobilités peuvent désigner les déplacements non ou très faiblement carbonés qui émettent moins de gaz à effet de serre que des véhicules motorisés individuels (marche à pied, skate, rollers, vélo et trottinette électriques et non électriques, …).

Différents types de mobilités douces

En effet, 3,7 millions d’actifs sont à moins de 2 kilomètres de leur lieu de travail et 4,5 millions à moins de 5 kilomètres.

Ces moyens de déplacement possèdent notamment plusieurs avantages majeurs : 

  • des avantages économiques : réduction des coûts de transport (0,13€/km pour les transports en commun et 0,20€/km pour les vélos contre 0,35€/km pour la voiture)
  • des avantages sociétaux et sanitaires : réduction des temps de trajets, activité sportive permettant d’être en meilleure santé, …
  • des avantages écologiques : réduction des émissions de gaz à effet de serre, des particules fines et de la pollution sonore

Aussi, les collectivités territoriales valorisent les deux roues en développant les infrastructures dédiées à ces moyens de transport, favorisant l’augmentation de leur utilisation. Le fonds dédié à la pratique du vélo a ainsi été multiplié par trois pour atteindre 100 millions d’euros après la crise sanitaire en vue du regain d’intérêt des français pour cette activité. Les mesures prises pour limiter l’utilisation de la voiture (notamment dans les grandes métropoles françaises) en ville ont également contribué à sa popularité (le nombre de cyclistes a augmenté de 67% à Paris entre 2019 et 2020).

En effet, depuis 2015, la pratique du vélo pour les déplacements domicile-travail a augmenté de 0,9% au détriment de la voiture, plus particulièrement dans les communes centres (1,9%) et pour les déplacements de 2 à 5 kilomètres (distance maximale de 60% des déplacements dans les centres villes de plus de 100 000 habitants).

L’utilisation de la trottinette électrique a aussi connu un fort essor dans ces milieux en raison de sa grande accessibilité. En effet, dans la majorité des grandes villes (Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille, …) des trottinettes en libre-service se sont peu à peu installées. Aujourd’hui, on compte 2,5 millions d’utilisateurs de trottinettes électriques en France, dont la moitié déclarent utiliser ce moyen de transport pour effectuer des trajets qu’ils faisaient initialement en voiture ou à moto. Toutefois, le vote du 2 avril 2023 sur l'interdiction des trottinettes en libre-service à Paris risque de faire chuter le nombre d'utilisateurs.

Quel est l’impact de la mobilité sur le Bilan Carbone d'une entreprise ?

Face au dérèglement climatique de plus en plus visible à l’échelle mondiale, les entreprises s’exposent de plus en plus à des risques climatiques et doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. La réalisation d’un Bilan Carbone est la première étape à mener pour s’engager sur la voie de la transition bas carbone, et un des postes d’émissions à analyser correspond aux déplacements domicile-travail.

Les déplacements domicile-travail sont comptés dans le scope 3, qui représente souvent la majorité des émissions de gaz à effet de serre d’une entreprise.

👉 En effet, selon l’INSEE, en 2019, une personne se rendant au travail émet en moyenne 0,7 tCO2e/an pour effectuer ce trajet, tous modes de transport confondus.

La part des déplacements domicile travail dans le Bilan Carbone dépend fortement de l’activité de l’entreprise. Elle est par exemple plus élevée dans les entreprises de services que dans celles industrielles.

Part des déplacements domicile-travail dans le Bilan Carbone de grands groupes. Source : CDP, Shift Project

Les entreprises ont donc besoin de mesurer et d’analyser les déplacements de leurs salariés, afin d’identifier des leviers de réduction à leur portée.

Trois composantes sont prises en compte dans ce calcul :

  • les émissions directes provenant de la combustion de carburant lors de l’utilisation des véhicules (qu’ils soient terrestres, aériens, ferroviaires, maritimes ou fluviaux)
    💡 Ces émissions sont nulles dans le cas de véhicules 100% électriques
  • les émissions liées à la chaîne de valeur en amont de l’énergie consommée (extraction, transport, raffinage, distribution, dans le cas de carburant d’origine fossile ; production et distribution de l’électricité française dans le cas de véhicule électrique)
  • les émissions liées à la fabrication du moyen de transport utilisé

Pour réduire leurs émissions, il est donc certain que les entreprises doivent encourager leurs collaborateurs à utiliser les transports en commun et les mobilités douces. Il existe, en ce sens, de nombreuses solutions pour inciter les salariés à changer leurs habitudes de mobilité !

Comment réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à ses déplacements domicile-travail ?

Les entreprises peuvent mettre en place diverses actions pour accompagner leurs employés dans la réduction de leurs émissions.

Les aides financières à la mobilité 🚴

Les entreprises peuvent proposer des aides financières en faveur d’une mobilité plus respectueuse de l’environnement comme :

  • la Prime transport : prise en charge par l’employeur des frais de carburant et d’alimentation des voitures hybrides rechargeables, électriques ou à hydrogène des employés lors de leurs déplacements domicile-travail
  • le Forfait mobilité durable : indemnité de 600€/an aux salariés qui se rendent au travail avec un transport à mobilité douce

Le télétravail 💻

Promouvoir une politique de télétravail flexible peut permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport mais en génère d’autres liées à ce mode de travail (augmentation des consommations énergétiques au domicile, potentielle augmentation du matériel informatique). Selon un bilan de l’ADEME, une journée de télétravail permettrait de réduire les distances parcourues de 9km à 5,5km en moyenne ce qui offre un potentiel de réduction de la mobilité considérable. Cette réduction serait de l’ordre de 2,4% des déplacements en France ou 3,3 millions de déplacements évités par semaine et permettrait un gain de 3200 tCO2eq / semaine si on ne tient compte que des trajets pendulaires faits en voiture.

Source : ADEME, "Caractérisation des effets induits du télétravail"

Comme ce graphique l'indique, les principaux postes d'émissions évitées grâce à la pratique du télétravail sont liés à la mobilité bien évidemment et à l'immobilier ce qui s'explique par la réduction de l'utilisation des équipements de bureaux.

Le covoiturage 🚘

Avec l’essor des applications de covoiturage comme Blablacar, cette pratique s’est largement répandue ces dernières années et se généralise dans le milieu de l’entreprise. Encourager ses employés à faire leurs trajets ensemble offre des avantages non négligeables en termes de réduction d’émissions de gaz à effet de serre mais aussi de coûts. En effet, en prenant l’exemple d’un trajet domicile-travail de 40 km aller-retour, faire du covoiturage permet d’éviter 850 kgCO2eq/an avec un autre passager et 1200 kgCO2eq/an avec deux autres passagers. De plus, un salarié habitant à 30 km de son lieu de travail peut économiser jusqu’à 2000€/an en covoiturant en alternance avec un autre passager.

L’optimisation des déplacements domicile-travail 🏢

La distance domicile-travail moyenne en France est de 13,3 km et un tiers des actifs sont à une distance de moins de 5 km de leur lieu de travail. Pour optimiser les déplacements et l’utilisation de différents moyens de transport par les salariés, les entreprises peuvent faire appel à des solutions comme 1km à pied, Maplab ou Mes Employés qui permettent par exemple :

  • de faire un diagnostic sur les temps de trajets domicile-travail des salariés
  • d’établir un plan de mobilité
  • de déterminer la meilleure implantation de bureaux en fonction des trajets domicile-travail des salariés
  • d’identifier quels collaborateurs pourraient échanger leur lieu de travail avec un collègue pour réduire les trajets de chacun

Pour les trajets de moins de deux kilomètres, la marche à pied est la meilleure alternative. D’après l’OMS, 30 minutes de marche par jour permet de limiter les risques de maladies cardio-vasculaires, de diabète de type 2 et de cancer.

Pour les trajets entre 2 et 15 kilomètres, le vélo, la trottinette et tout autre moyen de transport qui n’exige pas d’énergie fossile constituent une solution alternative préférable. Avec les efforts des pouvoirs publics pour aménager des pistes cyclables et démocratiser ce moyen de transport, prendre le vélo sur certains trajets peut s’avérer plus rapide que la voiture ou les transports en commun.

Néanmoins, ces solutions ne sont pas viables pour les trajets moyens et longs. En zone urbaine, les transports en commun restent la solution la moins émissive à condition qu’ils soient facilement accessibles. Si ce n’est pas le cas, la voiture constitue une solution par défaut. Son utilisation peut être cependant adaptée, notamment en privilégiant le covoiturage et l’éco-conduite (démarrer la voiture en douceur, couper le moteur lors des arrêts prolongés, rouler à 110km/h sur l’autoroute, …), en utilisant des carburants alternatifs ou en investissant dans une voiture électrique.

Moyens de transports adaptés en fonction de la longueur du trajet

Conclusion

Les déplacements domicile-travail occupent une place conséquente dans l’empreinte carbone des individus et des entreprises et leur réduction représente un enjeu considérable. Ainsi, plusieurs facteurs sont déterminants dans les choix de mobilité des salariés et les entreprises doivent prendre en compte ces facteurs pour pouvoir mettre en place des solutions adaptées et rendre leur trajectoire carbone conforme à celle des Accords de Paris. 

Favoriser les initiatives bas carbone est d’autant plus important qu'initier ce changement de mobilité dans les déplacements domicile-travail peut entraîner une prise de conscience chez les salariés et modifier leurs habitudes de déplacements en dehors du cadre professionnel.

Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez notre article sur la sensibilisation des collaborateurs à la transition bas carbone !